Le whisky écossais: un caractère bien trempé! (2)

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Il était une fois… Sans doute est-ce comme cela que se façonne l’histoire. Toujours est-il que l’homme naît à Berlin en 1935 pour passer l’arme à gauche 75 ans plus tard, le 25 décembre 2010, en Écosse. Entre-temps, sir Iain Noble aura tour à tour été banquier, entrepreneur multiple (compagnie maritime, hydrocarbures, assurances, etc.), propriétaire terrien (8000 hectares sur l’île de Skye) et hôtelier sur l’île Ornsay, où son Tigh-Osda Eilean Iarmain est réputé à la fois pour son confort et son dépaysement.

Culturellement parlant, il aura su resserrer les liens de la communauté insulaire, aura été ardent promoteur de la culture écossaise (Saltire Society), mais aussi fondateur du collège Sabhal Mòr Ostaig où il se portera ici, comme ailleurs sur le continent, en grand défenseur de la culture gaélique. Sans oublier, cela va de soi, l’élaboration de trois excellents blended whiskys gaéliques, soit le Té Bheag (prononcez « chey vek » – 39,25 $ – 858209 – ★★★), le Poit Dhubh 21 ans (prononcez « potch ghoo » – 160 $ – 12329680 – ★★★★) et le MacNaMara (n.d.) au goût riche et envoûtant de biscuit au rhum.

Grosse pointure, que ce monsieur ? Sa compagne, Lucilla Lady Noble, rencontrée à Edimbourg, semble avoir repris les affaires en main mais donnait aussi l’impression de vivre l’immense vide laissé par la disparition de son mari. Un Allemand, oui, mais mâtiné de ce caractère écossais bien trempé !

Time to nip’a dram young man ! m’aurait-il lancé de son vivant, avec un accent à vous faire avaler de travers une portion de haggis. « Nip’a », ici entendu pour « siffler » et « dram », désignant le verre typique utilisé pour la dégustation (voir photo). Si j’ai pris la balle au bond lors de mon passage sur place, je ne savais pas dans quoi je m’embarquais.

C’est ici que je dois vous formuler un avertissement, amis lecteurs : mettre le doigt dans l’engrenage complexe des whiskys écossais revient à vous exposer à une quête, mais surtout à un désir ardent de les connaître tous.

Avec des variations à l’infini, qui vous mèneront par le bout du nez. D’où le piège. Personnellement ? Oui, je l’avoue, je suis indiscutablement piégé !

J’ai été impressionné par le trio BenRiach, Glendronach et Springbank, mais je dois aussi avouer mon grand intérêt pour la maison familiale Glenfarclas (glen = vallée et farclas = herbe verte), dont l’aïeul John Grant (1865) s’affichait déjà comme un visionnaire en matière de single malt. Elle célébrait en 2011 son 175e anniversaire de distillation.

Un malt profond et onctueux dont la série des Family Casks, lancée en 2007, s’échelonne sur 45 années, soit de 1954 à 1999. Si vous voulez m’offrir l’édition 1955 (mise en 2012, soit 57 ans d’âge !), sachez que vous devrez abouler quelque 3809 beaux dollars canadiens. Compte tenu de l’âge vénérable, une somme pas si extravagante que ça, au final.

La SAQ propose actuellement plus de 400 whiskys écossais. Dont les meilleurs singles malts. Une tendance et un intérêt à la hausse chez le consommateur.

L’espace disponible étant limité, je vous propose de revenir sur le sujet lors de la période des Fêtes (déjà ?) avec des accords whisky/plat, ainsi que dans la future édition du Guide Aubry 2016 où un chapitre complet leur sera consacré.

Souvenez-vous que le whisky (comme toute autre eau-de-vie) ne se bonifie plus en bouteille. À conserver dans un endroit sombre. Pour le moment, ami écossais : « Nip’a dram and have fun ! »

The Arran 10 ans, Isle of Arran Single Malt (51,25 $ – 10784144) : salinité fine sur un corps moyen, élancé. Brillant à l’apéro. ★★★

Glenfarclas Highland Single Malt 10 ans (60,25 $ – 10652512) : il y a une forme de tendresse ici, un équilibre serein. ★★★1/2. Ajoutez plus de moelleux avec le 15 ans d’âge (93,50 $ – 380717) ★★★★

BenRiach Speyside Sherry Matured Single Malt 12 ans (70,50 $ – 11866660) : nez baladeur fruité et floral sur une bouche veloutée, maltée. Un malt plaisir. ★★★

Highland Park 12 ans Single Malt (75 $ – 204560) : classe et clarté, précision et haute définition, le tout sur une longue finale ascendante cendrée. Top ! ★★★★

Hazelburn 12 ans Triple Distillation Single Malt Campbeltown (126 $ – 11823483) : touche de miel, de bruyère, mobile et animé, très fin. Un malt complet qui plaira au plus grand nombre, connaisseurs compris. ★★★★

BenRiach Single Peated Speyside Single Malt 10 ans Curiositas (66,50 $ – 10652547) : bien sec, oui, mais gentiment tourbé, le tout souligné avec vigueur et passion. ★★★1/2

Laphroaig Islay Single Malt 10 ans (84,75 $ – 11534876) : l’impression d’un adolescent pourvu d’une grande sensibilité, mais aussi d’une exceptionnelle maturité de caractère. Tourbé, fumé, oui, mais avec doigté et discernement. Soutenu et satiné. ★★★★1/2

Springbank 10 ans Single Malt Campbeltown (92,50 $ – 11590261) : détaillé, très fin, plus salin que tourbé, envergure, classe, longueur. ★★★★

Ardbeg 10 ans Islay Single Malt (92,75 $ – 560474) : bien sec, vertical, vibrant, bref tout le crachin maritime dans l’toupet ! ★★★1/2

Glendronach Highland Single Malt Original 12 ans (63,25 $ – 10784099) : pas des plus complexes, mais d’une gourmandise assurée avec ses flaveurs riches de sherry, sa tenue, son équilibre. ★★★1/2

Glendronach Highland Single Malt Original Revival 15 ans (96,25 $ – 11367983) : on flirte ici avec l’armagnac, avec ce caractère riche et plein légué par les fûts de xérès oloroso. Complexité et longueur. Belle affaire à ce prix. ★★★★

BenRiach Speyside Single Malt Sauternes Wood Finish 16 ans (105 $ – 12361575) : un bijou de grâce et de sensualité ! Comme un ballet d’abeilles ivres sous l’éclosion ultime des verges d’or… Bref, moelleux velouté avec touche de cèdre, d’épices. Très long. ★★★★1/2

Highland Park Highland Single Malt 50 ans (18 000 $ – 11543895) : désolé, les amis, la dégustation reste à venir !

The Macallan 1824 Amber Single Speyside Malt (93,50 $ – 11975401) : de corps moyen, mais au profil tendu sous un merveilleux corsage de velours. Épices orientales et finale digne des mille et une nuits. Quelle maîtrise ici ! ★★★★

The Macallan Sienna Single Speyside Malt (175,75 $ – 12051420) : du niveau d’un grand X.O. cognaçais. Bouquet harmonieux, caractère, puissance discrète et liaison saline et fumée qui font éternellement saliver. Quoi ajouter ? ★★★★1/2

Glenfarclas Highland Single Malt 21 ans (131 $ – 11485074) : c’est gras, complexe, sphérique, captivant et long. On n’est pas très loin de la Rolls Royce. ★★★★1/2

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